Une quatrième jeune docteure Exalt Design Lab !

Le 31 janvier 2023, Strate Sèvres a accueilli la soutenance de thèse de Justine Peneau, doctorante en SIC (école doctorale Institut Polytechnique Paris) dans le cadre de notre laboratoire commun Exalt Design Lab. 

Allez Justine, tout le monde est derrière toi !
Allez Justine, tout le monde est derrière toi !

Cette recherche, intitulée Dynamique dispositive et structure temporelle de la co-conception : une analyse du travail design en agence a été dirigée par Annie Gentès (Professeure à CY Cergy Paris Université) et co-encadrée par Estelle Berger (StrateResearch). Elle a été menée en CIFRE au sein d’Emakina, une agence digitale qui met en œuvre des méthodes de co-conception avec ses client.e.s, en particulier par le format de design sprint

Basée sur une longue période d’observation participante, l’analyse de Justine s’est focalisée sur le temps vécu par ces différents acteurs. Elle a étudié ce qui émerge au cœur de ces situations “formatées”, et la façon dont l’expertise du design noue et dénoue les temporalités – en plein paradoxe entre injonction à l’accélération et espace de réécriture inventive. 

Ses contributions mèneront sûrement les praticien.ne.s engagé.e.s dans de telles configurations à relire leur expertise comme celle d’artisans virtuoses, capables d’amener du jeu dans des cadres qui pourraient être aliénants. 

Après une présentation synthétique dont la portée pédagogique a été soulignée, Justine a pu répondre aux commentaires et questions du jury, dont voici une brève synthèse :

Christophe Abrassart (Professeur à l’Université de Montréal, rapporteur) souligne la pertinence d’une réflexion sur les postures associées à l’observation participante. Ce questionnement est nécessaire pour contrer la puissance du paradigme gestionnaire qui a cours dans l’entreprise. Pourrait-on identifier le rôle des designers sprint-masters aux cellules de crise, sommées de s’adapter et d’apprendre malgré/dans l’urgence ? 

Si cette recherche ne s’attache que peu au devenir des idées émergentes, elle contribue pour Christophe Abrassart à nuancer notre compréhension des formats de la conception réglée, en valorisant trois composantes identifiées par Justine : 

  • valeur de la pleine présence, « attention flottante » des participant.e.s 
  • synthèse créative par les designers
  • révélation, travail de « perlaboration » opéré par les client.e.s

Pour prolonger cette thèse et en poussant la métaphore théâtrale qui y est initiée, il appelle un modèle intégrateur combinant séquences d’action prédéfinies (script) et émergence (effets de réception, improvisation…). Un travail à poursuivre sur le terrain !

Valérie Lépine (Professeure à l’Université de Montpellier, rapportrice) salue l’inventivité sémantique de Justine pour qualifier une pensée qui prend forme – par exemple en choisissant le terme de « concerné.e.s » plutôt que parties prenantes, ou en parlant de « réseau-nance ». Dans sa prise de parole, la professeure invite à contextualiser les relations de co-conception dans le cadre de l’organisation – ses valeurs sous-jacentes, enjeux et asymétries de pouvoir. Même participatif, aucun format n’est anodin, il filtre inévitablement ce qui se joue et peut émerger. Dans notre cas, les méthodes employées par l’agence relèvent de l’agilité, modèle dont l’idéologie ne peut être ignorée. Effectivement, en complément de l’étude des pratiques, une analyse à l’échelle méso permettrait d’éclairer utilement la mécanique du consensus (attendu du processus sprint), et de la potentielle « mise au pas » de la créativité. 

Enfin, Myriam Lewkovicz (Professeure à l’Université de Technologie de Troyes, présidente du jury et examinatrice) complète les pistes de réflexion esquissées par ses collègues en suggérant à Justine d’autres champs théoriques, ouvrant à d’autres typologies de participation et de rapport au temps :

  • en sociologie, la théorie des pratiques analyse les activités routinisées au filtre des corps, des lieux et des artefacts
  • en informatique, le end-user design permet aux utilisateurs.rices/hackers de se réapproprier un produit pré-conçu par les designers/développeurs.ses
  • en innovation sociale, les living labs permettent de mettre l’ensemble d’un écosystème autour de la table (de la conception aux financements, en passant par les terrains de déploiement)

Annie Gentès, Estelle Berger et Jérôme Piot (ex-Emakina, tuteur industriel) ont également partagé quelques mots pour re-contextualiser le parcours de thèse de Justine, qui devient officiellement ce jour une chercheuse à part entière ! Solennellement même, car les jeunes docteur.e.s sont maintenant invité.e.s à prononcer un serment d’éthique et d’intégrité scientifique.

Nul doute que Justine saura habiter ce rôle dans ses futurs projets, et s’inspirer de la posture d’un grand pédagogue, John Dewey, pour qui :

« Le plus important n’est pas de parvenir à des résultats finaux, mais d’ouvrir la voie à des expériences, qui elles-mêmes donnent lieu à de nouvelles expériences, d’où un processus de croissance et de découverte sans cesse renouvelé et sans fin. »
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