Le LIRA (Laboratoire International de Recherches en Arts – Université de la Sorbonne Nouvelle – Paris 3) et la Société d’Histoire du Théâtre ont récemment reçu l’artiste Zaven Paré pour 2 conférences auxquelles j’ai pu assister : l’occasion de revenir sur le parcours de cet artiste atypique qualifié de « Robot drama Researcher » par le professeur Iroshi Ishiguro lui-même, et qui œuvre entre art, sciences, marionnette et robotique.
Zaven Paré appartient à la famille du chirurgien de la Renaissance Ambroise Paré. Cela joue peut-être un rôle dans le parcours atypique de cet artiste-plasticien qui se traduit déjà dans ses études supérieurs, puisqu’après un passage aux Beaux Arts de Paris, une maîtrise en Arts plastiques, celui-ci s’est lancé dans un doctorat de lettres, avant de réaliser un post-doctorat en robotique à l’Université d’Osaka. Après un début de carrière comme peintre-cartonnier, il commence à collaborer avec des artistes pour lesquels il conçoit des scénographies ou des installations, mais également des objets, costumes, … ou marionnettes (voire des automates ou des robots) pour la scène. On le voit ainsi travailler pour la chorégraphe québécoise Marie Chouinard, le metteur en scène Denis Marleau ou encore réaliser le dessin des écrans de vidéo projection circulaire pour la tournée Sound & Vision de David Bowie en 1990.
En 1996 à Montréal, il invente son principe de marionnette électronique à partir d’une source de retro-projection vidéo. En 1999, il en réalise une version numérique pour un spectacle qu’il dirige à CalArts et en 2002 une version analogique pour un spectacle de Valère Novarina. Il propose aussi de nouvelles interfaces pour les manipulateurs de ces marionnettes. C’est grâce à cette obsession pour la marionnette « technologique » qu’il va être repéré par le Professeur Hiroshi Ishiguro dont il rejoint l’équipe de l’« Intelligent Robotics Laboratory » au japon en 2009.
Ainsi, après 1 mois ½ en immersion avec les fameux Geminoïds dans les laboratoires du professeur Ishiguro, Zaven Paré conclut qu’il faut décentrer l’action ; c’est-à-dire arrêter de confronter automatiquement l’homme et le robot et créer des formes « d’interaction triviale » (comme manger une pomme) dans lesquelles le robot n’est plus le centre d’attention, mais où « l’interaction sociale » permet de comprendre, anticiper et analyser les manières de réagir de l’homme et du robot.
Cette expérience lui a permis de travailler à la mise en place d’une plate forme de recherche et d’expérimentation théâtrale pour la robotique (Le Robot Actors Project) en se basant sur le répertoire du dramaturge Oriza Hirata avec des humanoïdes et des androïdes.
C’est donc dans le lien entre expériences théâtrales et robotiques que l’artiste déduit le rapport homme/machine. En effet, pour lui les rapports que nous avons avec les robots (humanoïdes ou non) sont de l’ordre de la représentation, et non de l’imitation. L’interaction ne peut avoir lieu que si l’homme développe une empathie envers le robot auquel il est confronté et qu’il est capable de projeter du libre arbitre dans cette « machine ». Ainsi, pour créer une relation homme/robot, il faut simuler une « intelligence » du robot en suggérant des gestes inconscients aux travers de petits mouvements comme des clignements d’yeux par exemple. Car comme le souligne Zaven Paré, « avec 6 ou 7 mouvements, on peut recréer une personnalité sous forme de « tics ».
A noter que l’exposition personnelle “Orienté vers l’objet” de Zaven Paré se tiendra du 30 Avril au 20 Juin 2015 à la Galerie Charlot à Paris (http://www.galeriecharlot.com/)
– Vernissage Mercredi 29 Avril à partir de 18h, en présence de l’artiste.