Innorobo, quel monde pour demain?

Malgré la pluie battante lundi dernier, les docks de Paris étaient en pleine effervescence. Des caisses habillées de papier bulle et marquées de grosses inscriptions «  FRAGILE » arrivaient sans interruption aux portes du plus grand salon de la robotique qui a eu lieu cette année du 24 au au 26 mai (https://innorobo.com/fr/accueil/). Toute la matinée, nous avons assisté au montage des stands et vers midi nous avons vu émerger les premiers robots, promettant de bonnes surprises pour les jours à venir.

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En effet le lendemain humanoïdes, drones, applications, compagnons ou encore explorateurs de mars avaient pris possession des lieux: Au rez-de-chaussée, les visiteurs déambulaient au milieu des créatures électroniques alors que de nombreuses conférences étaient programmées au 1er étage dont une présentée par Strate Research intitulée « Le design comme forme de recherche en robotique sociale. »

La communauté de la robotique est vaste et les entreprises et laboratoires qui la représentent sont nombreux. Ainsi les tailles, formes, et fonctions des robots exposés étaient aussi variées que surprenantes. Nous avons observé que le salon proposait trois grands thèmes : les robots industriels (Huma robotics, ABB France, Akeo Plus, … ), les robots de service ( Event Bots, Génération robots, Axyn Robotique …) et les services pour robots (Nova labs, SBG Systems, Terabee, … ).

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Impossible de passer à coté des grands bras articulés qui trient des plaquettes minuscules, portent des écrans massifs ou encore opèrent des mannequins. Impressionnants par leur précision, leur rapidité et leur agilité, ils possèdent différents styles de commandes (du joystick à la tablette en passant par la télécommande), de mission ou encore de texture (antichoc, mémoire de forme…) Même si beaucoup d’entre eux ne sont « pas fait pour remplacer nos métiers mais pour travailler avec nous » parfois l’image d’une usine remplie de robots commandés par un seul chef humain s’impose à nous. Ces robots destinés à effectuer des tâches précises répétitives et fatigantes donnent l’impression qu’ils se débrouillent très bien sans nous. (Photo ci-contre : Le robot du constructeur Kawasaki Robotics trie des échantillons sur une étagère)

 

IMG_1177Contrairement à ces robots de précision, les robots humanoïdes eux semblent parfois un peu lents à la détente. Ils cherchent nos visages, nous parlent mais malgré leur apparence humaines leur réactivité n’est pas encore spontanée et ils se mettent parfois à nous raconter leur vie sans que nous n’ayons rien demandé.

La création d’un robot de service est une entreprise compliquée. Il faut tout d’abord créer la chose dans sa forme, lui permettre de parler, de se déplacer et d’agir de manière plus ou moins autonome. Ensuite, il faut lui permettre de tenir une discussion, rendre un service ou détecter un besoin chez les humains. Toutes ces contraintes sont plus faciles à réaliser si le robot se contente de quelques taches définies ( comme apporter une bouteille d’eau par exemple). Mais la tâche se complique lorsqu’il s’agit d’un robot compagnon au quotidien qui doit pouvoir s’adapter à toutes les situations possibles et imaginables. En effet, outre le hard- et software qui ne sont pas qu’une partie de plaisir, il faut que ce robot corresponde aux attentes du grand public. Et pour ces derniers, les robots humanoïdes sont comme dans les films, rapides, précis, et intelligents et on voit bien que la réalité ne concorde pas encore avec la science-fiction( Photo ci-contre : La compagnie Cybedroïd fondée en 2011 propose des robots dédiés à l’aide à la personne, robots familiaux aptes à trouver leur place au sein de nos foyers).

 

P1050284A l’inverse, certaines créations sont impressionnantes de technologies : précises et efficaces elles ont davantage pour but de s’inclure à un robot existant ou de servir de pièce de construction pour les robots à venir. Ce sont des capteurs, des batteries, des cameras, des logiciels etc. Ces petits accessoires sont souvent des bijoux technologiques, ils n’ont qu’une mission mais on ne trouve que difficilement la faille dans leur réalisation. Ils sont optimisés en tout point pour rendre le service pour lequel ils ont été conçus. Parmi eux, on pouvait voire le chassis mécanique de Rovenso , les systèmes d’orientation de Cadden ou les capteurs de distance de Terabee en photo ci-contre. (Photo ci-contre : Terabee conçoit, développe et produit le capteur de distance le plus compact, rapide et léger au monde ainsi que diverses solutions de détection pour la robotique avancée).

En sortant du salon on comprend qu’il est plus que probable que le monde de demain soit peuplé de robots. Mais lesquels perdureront et à quel point seront-ils présents? Outre les robots industriels qui se répandent déjà dans nos entreprises, les robots humanoïdes ont encore un bout de chemin devant eux -quoique certains robots de compagnie tels que Alpha, Nao ou Buddy semblent déjà être adoptés par petits et grands- . Enfin alors que notre société se développe vers une économie horizontale, peut-être que la révolution robotique prendra la forme d’un grand jeu de construction dans lequel tous les outils indispensables à la création de notre robot idéal seront en open-source sur internet. Si cela est le cas, le design ne permettrait-il pas de former un pont entre technologie, besoins sociaux et création ?

Bérengère Denier

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