Le défi urbain selon Pierre-André de Chalendar

Dans le cadre des conversations citoyennes, la mairie d’Issy-les-Moulineaux organise des ateliers thématiques (mobilité, cadre de vie…) et des rencontres avec différentes personnalités pour échanger à propos des projets futur pour la ville. Le 20 octobre, Pierre-André de Chalendar, président de Saint-Gobain, était alors invité pour une conférence autour de son livre « Le défi urbain. Retrouver le désir de vivre en ville ».

Après un bref rappel historique des modalités de décision de planification des villes européennes basées sur des valeurs qui ne tenaient pas compte des problématiques (sociales et environnementales) rencontrées actuellement, Pierre-André de Chalendar s’est questionné sur les nouveaux défis à relever pour garantir l’attractivité des villes, particulièrement à la suite de l’expérience inédite de la ville pendant la pandémie qui a révélé multiples disfonctionnements et inégalités. L’urgence à la laquelle il faut faire face concerne donc deux dimensions : la démographie (pour préparer l’augmentation exponentielle du nombre de citadins) et l’écologie (parce que le fonctionnement actuel des villes n’est pas soutenable) et ce pour un horizon assez proche.

En tant qu’industriel spécialiste du secteur du bâtiment et de la construction, il propose cette réflexion, non pas en tant qu’expert des villes mais en tant que témoin de leurs métamorphoses. Il a insisté sur le fait que la lenteur du progrès en France, notamment concernant les émissions de CO2, n’est pas un problème technique mais d’exécution à cause de la complexité de la mise en place des solutions.

Selon lui, une ville a 5 défis à relever pour prétendre à garder (ou accroître) son attractivité.
1- Désirabilité : Le critère principal à prendre en compte est la durabilité en repensant les modes de construction (intégration plus massive de matériaux recyclables par la création de boucles de recyclage locales moins énergivores)
2- Confort : Un cadre de vie confortable avec plus de nature et des bâtiments répondant à de hauts critères de confort acoustique et thermique.
3- Vivre-ensemble : Repenser le paradoxe contemporain de l’isolement des individus malgré la densité des villes. Ceci passe par la mise en place de lieux de convivialité, notamment en repensant les lieux de travail.
4- Mobilité : Penser la mobilité en tant que liberté d’aller à la rencontre des autres et utiliser la technologie pour améliorer les services.
5- Gouvernance : Décider du futur de la ville doit se faire selon des modalités de co-construction. Même si cela implique que ça prendra plus de temps, il faut considérer que ce temps est un investissement pour garantir l’adhésion des habitants actuels et futurs.

Face à ces défis, Pierre-André de Chalendar n’a pas manqué de signaler les limites des institutions privées dans le déploiement des solutions. Selon lui, « ce qui est compliqué, c’est qu’il y a beaucoup d’acteurs et qu’il faut pouvoir en coordonner les visions », le tout avec assez de précautions pour ne pas se retrouver face à des citoyens réfractaires aux changements.

Le défi pour le design n’est-il pas là ? par une approche sensible et systémique du terrain, le design a pour responsabilité de garantir la primauté du politique sur la technique et être un réel support pour la ville en étant au plus près de l’expérience de l’habitant afin de prioriser les solutions souhaitables.

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